En tant qu’artistes, (que) devons-nous écrire ?
Dans les portfolios, dans les dossiers, pour les résidences, les concours, les appels à projets… on nous demande d’écrire.
Mais écrire quoi ? Et est-ce vraiment à nous de le faire ?
Pour se sortir de ce dilemme, différencier deux formes d’écrits. Les écrits « sur », avec ou sans accent circonflexe qui sont ceux de la critique et de l’université. Pour l’université on peut compter entre-autres sur l’histoire (de l’art), la sémiologie (de l’art), l’anthropologie (de l’art), la philosophie (de l’art)…
J’utilise le verbe compter car les discours de l’université ont ceci de particulier que l’on peut en évaluer la « qualité » autrement dit la correspondance aux critères des domaines auxquels ils appartiennent sur des échelles chiffrées, normées.
La critique, elle, se caractérise par un champ sémantique aussi pauvre et répétitif qu’esclave de la mode puisque trop souvent contrainte d’éviter la difficulté au profit du tape-à-l’oeil. Eh oui ! il faut vendre du papier et surtout la publicité qu’elle supporte.
Au delà de mes petites mesquineries, je n’oserai certainement pas me prendre pour un critique et encore moins pour un historien (fusse-t-il de l’art). On ne s’improvise pas plus historien que chirurgien cardiaque, l’affaire est beaucoup trop sérieuse, même presque trop pour des gens qui n’ont qu’une seule vie. De plus pour écrire comme pour s’asseoir « sur une chose », il faut y être extérieur.
La question ne serait donc pas « qu’est-ce qu’on écrit » mais « d’où est-ce que l’on écrit » ?
« Mais les artistes écrivent très souvent sur leur travail » me direz-vous. Oui, mais ils en payent le prix. Car ce qui est « sur » est « sûr », c’est à dire qu’on peut y compter (dessus), et cela implique que ça reste fixe, et la seule chose qui soit universellement fixe c’est la mort. Alors l’écrit sur son propre travail, met déjà à l’œuvre visée, comme à la blague dont on essaie d’expliquer pour quoi c’est drôle, un pied dans la tombe.